Le Centre pour l’indépendance des magistrats et avocats (CIMA) de la CIJ exprime aujourd’hui sa consternation suite à l’agression dont l’ancien juge tunisien Mokhtar Yahyaoui a été victime hier, mercredi 11 décembre, devant le bureau d’un collègue.
M. Yahyaoui, qui est membre fondateur et président du Centre tunisien de l’indépendance de la justice, souffre des nombreux coups qui lui ont été portés à la tête, au nez et à la bouche.
« Il est inacceptable que dans un pays comme la Tunisie, un ancien juge puisse être agressé avec une telle brutalité et laissé, à moitié inconscient, en sang dans la rue » a dénoncé Louise Doswald-beck, Secrétaire générale de la CIJ.
« Nous condamnons cette violence et demandons qu’une enquête impartiale et exhaustive soit immédiatement menée par des autorités indépendantes et que les auteurs de cette agression soient traduits en justice, » a-t-elle ajputé.
La CIJ rappelle par ailleurs aux autorités tunisiennes leur obligation de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et l’intégrité personnelle de M. Yahyaoui.
M. Yahyaoui a déclaré que son agresseur lui avait bloqué l’entrée de l’immeuble et lui avait ordonné d’en sortir. Le juge Yahyaoui a précisé qu’il avait essayé de résister mais qu’il n’avait pas pu s’accrocher à la porte d’entrée.
Il a ainsi été traîné dans la rue Charles de Gaulle tout en faisant l’objet d’insultes à haute voix.
Son attaquant a ensuite été rejoint par deux autres agents et alors que M. Yahyaoui a pu s’accrocher au grillage d’une vitrine, ils lui ont donné, sans succès, des coups de pieds dans les cheville pour le faire tomber.
C’est alors qu’ils lui ont asséné des coups de poing à la figure.
M. Yahyaoui et M. El Bhiri qu’il allait retrouvé lorsqu’il a été attaqué, se rendaient à l’aéroport de Tunis pour accueillir Me Najib Hosni.
En effet, Me Hosni se trouvait à Genève et s’était entretenu la veille avec la CIJ de la situation pour le moins préoccupante des juristes et avocats en Tunisie.
Il avait également donné une conférence publique sur le même sujet.
M. Yahyaoui avait été radié de la profession de magistrat le 29 décembre 2001 pour avoir écrit une lettre ouverte au Président Ben Ali dénonçant les ingérences du pouvoir exécutif dans le travail des juges. M. Yahyaoui est un des fondateurs de l’Association internationale de soutien des prisonniers politiques, organisation nouvellement créée.
La CIJ a par le passé condamné ces attaques contre la profession juridique et les défenseurs des droits de l’homme en Tunisie. Elle était intervenue à de nombreuses reprises en faveur du juge Yahyaoui, y compris dernièrement en mars 2002.