Aujourd’hui, la CIJ a publié une note d’information juridique sous la forme d’un questions-réponses (uniquement disponible en anglais) dans laquelle elle énonce ce qui est requis pour pouvoir prouver un génocide, et en particulier, l’élément d’«intention génocidaire».
La note d’information de la CIJ sort au moment où la Mission internationale indépendante d’établissement des faits au Myanmar (FFM) appelle à enquêter les crimes commis au regard du droit international, y compris le génocide.
Le génocide est un crime particulièrement odieux dont la genèse en tant que crime de droit international réside dans la politique d’extermination du régime nazi pendant la Seconde Guerre mondiale.
En vertu du droit international coutumier et de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948 («convention sur le génocide»), tous les États ont le devoir de prévenir et de punir le génocide.
Les agences des Nations Unies et des experts indépendants ont rapporté des informations crédibles et cohérentes selon lesquelles des crimes graves en vertu du droit national et international ont été commis contre les musulmans Rohingya au Myanmar, y compris les crimes contre l’humanité de déportation, viol et meurtre.
Un certain nombre d’experts et d’autorités ont également suggéré qu’un génocide avait été commis et ont demandé des enquêtes à ce sujet.
Aujourd’hui, la FFM a demandé l’ouverture d’une enquête sur un génocide dans le nord de l’État de Rakhine, ainsi que sur des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre dans les États de Rakhine, Kachin et Shan.
Cette annonce fait suite à la déclaration du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, Zeid Ra’ad al-Hussein, en décembre 2017, selon laquelle “des éléments de génocide pourraient exister”.
Et en mars 2018, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’Homme au Myanmar, Yanghee Lee, et le Conseiller spécial des Nations Unies pour la prévention du génocide, Adama Dieng, ont évoqué la possibilité que le traitement des Rohingyas par le Myanmar puisse constituer un génocide.
Les Rohingyas constituent la grande majorité des plus de 700’000 personnes déplacées à la suite d’opérations de sécurité commandées par l’armée du Myanmar dans le nord de l’État de Rakhine, à la suite d’attaques perpétrées le 25 août 2017 par l’Armée Arakan Rohingya (ARSA).
Le génocide est un crime complexe qui, dans de nombreux cas, peut être difficile à établir au-delà du doute raisonnable dans un procès.
L’un des domaines qui s’est révélé particulièrement difficile est la nécessité de prouver «une intention spéciale» ou une «intention génocidaire», qui est un élément constitutif et distinctif essentiel du crime de génocide.
La note d’information juridique devrait aider ceux qui examinent si un génocide a été commis contre la population Rohingya et, dans l’affirmative, si quelqu’un peut être tenu individuellement pénalement responsable.
La note d’information juridique répond aux questions suivantes:
1. Quelle est la définition du génocide?
2. Que signifie légalement une “intention génocidaire”?
3. Quelles sont les similitudes et les différences entre les crimes relevant du droit international en matière de persécution et de génocide?
4. Comment les différentes juridictions ont-elles abordé les intentions génocidaires de manière factuelle?
5. Dans quelle mesure l’élément d’intention des crimes sous-jacents contre l’humanité en matière de de déportation ou de transfert forcé à l’intention génocidaire est-il pertinent?
Contact
Kingsley Abbott, ICJ Senior Legal Adviser, t: +66 (0)94 470 1345 ; e: kingsley.abbott(a)icj.org
Download
Universal-Genocide Q & A FINAL-Advocacy-analysis brief-2018-ENG (PDF en anglais)